Environnement et urbanisme : comment l’État du Niger veut sauver et reprendre le contrôle de la ceinture verte de Niamey
La gestion du foncier public et la préservation des espaces verts figurent parmi les dossiers emblématiques de l’assainissement de la vie publique engagé par les autorités nigériennes. Ces derniers mois, la ceinture verte de Niamey, poumon écologique de la capitale et zone classée d’utilité publique, a cristallisé l’attention : pas moins de 4 297 occupants illégaux, installés souvent depuis des années, y ont été recensés.
Cette occupation anarchique, issue de migrations internes et de l’urbanisation incontrôlée, met en péril l’équilibre environnemental et prive la ville d’un espace vital pour la régulation du climat, la biodiversité et le bien-être collectif. Conformément aux textes en vigueur, notamment la loi forestière de 2004 et les décrets de protection actualisés en 2023, l’État a décidé de reprendre en main ces zones menacées.
Un plan de libération progressif et encadré
Les autorités régionales, sous la supervision du Conseil Régional de Sécurité et avec l’appui de la Brigade Régionale de l’Environnement, ont mis en place une stratégie progressive. Le processus repose d’abord sur une phase intensive de sensibilisation. Des équipes mixtes : eaux et forêts, police, gendarmerie, garde nationale et sapeurs-pompiers, sillonnent les quartiers pour informer et dialoguer avec les habitants concernés. Depuis février, ce travail de proximité a permis de préparer les esprits à une opération de déguerpissement annoncée comme inévitable.
Selon le capitaine Alkassoum Mamane, commandant de la Brigade Régionale de l’Environnement de Niamey, l’opération se déroulera en deux phases distinctes :
- Phase 1 : à partir du dimanche 22 juin 2025, elle ciblera les abris précaires : huttes, cases, constructions de fortune, qui seront démantelés sur une période de 2 à 3 jours.
- Phase 2 : elle concernera ensuite les habitations construites en matériaux définitifs dans l’emprise de la ceinture verte expropriée pour cause d’utilité publique. Des préavis formels seront notifiés par huissier, laissant un délai légal aux occupants pour quitter les lieux avant les démolitions.
Prise en charge sociale et retour volontaire
Consciente de l’impact humain, l’administration prévoit des mesures pour accompagner les plus vulnérables. Les familles sans solution d’hébergement à Niamey seront transportées vers leurs villages d’origine grâce à des véhicules mis à disposition. Quelques ressortissants étrangers identifiés seront remis à leurs ambassades, conformément aux accords internationaux.
Cette approche, combinant fermeté et accompagnement social, vise à restaurer l’intégrité de la ceinture verte tout en évitant des tensions inutiles. Les représentants des chefs de quartier et les forces de l’ordre ont insisté sur l’importance d’un climat de compréhension mutuelle pour garantir une opération pacifique et bénéfique à l’ensemble des Nigériens.
Une gouvernance foncière qui se veut exemplaire
Au-delà de la ceinture verte, cet épisode illustre la volonté affichée de renforcer le contrôle de l’État sur le foncier public, un secteur longtemps miné par les accaparements illégaux et les lotissements clandestins. En mettant fin à l’occupation désordonnée de ces espaces stratégiques, les autorités entendent réaffirmer l’intérêt collectif face aux intérêts particuliers, tout en posant les jalons d’une urbanisation plus respectueuse de l’environnement et des besoins des générations futures.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)